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Nieko labiau nevertinti už Kristaus meilę.
RB 4,21
Au Moyen-Àge les moines bénédictins comme tant de pèlerins et de missionnaires se sont répandus à travers l'Europe et ont apporté la lumière de la foi aux différents peuples qui la composaient. Ils ont ainsi posé les fondements de la culture chrétienne qui constitue encore aujourd'hui son caractère propre.
Deux bénédictins missionnaires ont ainsi gagné les pays baltes: l'évêque de Prague Vaitiekus et l'allemand Bruno de Querfurt, chanoine de Magdebourg et chapelain de la maison d'Otton III. Ces hommes de Dieu, de noble lignée et proches de l'empereur, s'étaient engagés à mener une vie parfaite et à répandre sans crainte l'Évangile, même au risque de verser leur sang. En cette fin du 10è siècle ils entrèrent tous deux au monastère des saints Boniface et Alexis, situé sur l'Aventin à Rome. Animés d'un grand zèle apostolique ils partirent vers le nord et parvinrent presque jusqu'en Lituanie. Vaitiekus mourut martyr en Prusse en 997, et saint Bruno Boniface fut décapité en 1009 peut-être à la frontière de la Lituanie. C'est à l'occasion de ce martyre que la Lituanie fut pour la première fois mentionnée dans un document historique. Le millénaire de l'histoire de la Lituanie correspond donc au millénaire de la présence chrétienne, et pour ainsi dire, au millénaire de la tradition bénédictine.
Après la mission de Vatiekus et de Bruno il faut attendre presque quatre siècles pour que les fils de saint Benoît s'installent en Lituanie. En 1386 le Prince lituanien Vytautas vint à Cracovie où il reçut le baptême et rencontra l'abbé du monastère de Tyniec situé non loin de la ville. L'impression de Vytautas fut si grande qu'il invita les bénédictins de Tyniec à venir fonder dans son pays. Il leur donna le château du Vieux Trakai où il était né.La petite histoire raconte que les bains aménagés par le Prince Kęstutis furent transformés pour servir de sacristie. Les dates exactes et les circonstances de la fondation de ce monastère ne sont pas connues. On la fixe en 1405 d'après des documents qui indiquent que le monastère à cette époque fut «de nouveau fondé et pourvu». En 1415-1416 le Prince Vytautas accorde au monastère un certain de nombre de privilèges qui lui permettent d'assurer sa subsistance.
Au milieu du XVIIe siècle l'abbaye de Vieux Trakai fonde le prieuré de Pivašiunai où deux moines assurent le service de l'église paroissiale. L'actuelle église de Pivašiunai et le tableau de la Vierge Marie qui y est vénéré, rappellent la présence des bénédictins en ce lieu. Au milieu du XVIIIe siècle les bénédictins de Vieux Trakai arrivent en Žemaitie, où ils fondent un prieuré à Pašaltuonis, non loin d'Eržvilkas.
Jusqu'à la deuxième moitié du XVIIe siècle l'abbaye de Vieux Trakai était le seul monastère bénédictin en Lituanie. À partir de cette époque les monastères de vie contemplative selon la Règle de saint Benoît se multiplient: les cisterciens et les camaldules arrivent et les bénédictins fondent encore deux abbayes: à Gorodisčė et à Nesvyžys. Les moines qui s'installent à Gorodisčė viennent de l'abbaye du Mont Cassin, fondée par saint Benoît, dont ils apportent les traditions et les coutumes. Gorodisčė devient membre de la congrégation du Mont Cassin. De même pour l'abbaye de Nesvyžys. C'est à partir de ces deux monastères que renaîtra la vie bénédictine en Lituanie et en Pologne. Les monastères fondés à partir de cette époque dans ces deux pays s'unissent et créent la congrégation de la Sainte Croix. La vie bénédictine en Lituanie connaît au XVIIIe siècle sa plus forte croissance, alors que dans de nombreux pays d'Europe apparaissent les crises et le déclin.
Au XIXe siècle l'annexion de la Lituanie par la Russie entraîna le déclin de la vie bénédictine. Dans tout le territoire russe les monastères perdirent les liens qu'ils avaient avec les abbayes fondatrices et leurs congrégations. Leurs droits furent limités, et finalement les monastères bénédictins et cisterciens furent unis dans une même congrégation, Celle-ci disparut au milieu du XIXe siècle lorsque les uns après les autres les monastères furent supprimés. L'abbaye de Vieux Trakai qui existait depuis plus de 400 ans ferma en 1844. Les bâtiments ont été à peu près conservés jusqu'à ce jour. L'église paroissiale qui occupe une partie de l'ancien monastère, a été placée sous le patronage de Notre Dame de l'Annonciation et de saint Benoît. Les derniers monastères bénédictins en Lituanie, les abbayes de Gorodišče et Nesvyžius ont été fermés.en 1864. Les moines de Nesvyžius ont été dispersés dans d'autres monastères et ceux de Gorodišče ont été envoyés en Sibérie au-delà de l'Amour. Les 2000 livres de la bibliothèque ont été vendus et les bâtiments furent saccagés. L'histoire des bénédictins en Lituanie s'achevait après une présence de 130 ans. Le pays était désormais privé de ses monastères, célèbres pour leur belle liturgie, leurs centres d'études, leurs riches bibliothèques et leurs activités paroissiales.
Dès 1415 l'épouse de Vytautas s'efforçait de créer un monastère de femmes, et spécialement de bénédictines. En fait les premières bénédictines n'arrivèrent en Lituanie qu'à la fin du XVIe siècle. Le monastère de Nesvyžius fondé par le célèbre et pieux Michel Christophe Radvila, personnalité d'une grande piété, devint en 1591 un monastère de sœurs bénédictines. Dans la première moitié du XVIIe siècle les sœurs de Nesvyžys fondèrent des monastères à Vilnius, Kaunas, Kražai, Minsk, Orša et Smolensk. En peu de temps les bénédictines (elles étaient à peu près deux fois plus nombreuses que les moines, soit environ 110-120) devinrent les religieuses les plus importantes en Lituanie. Leurs monastères se distinguèrent par leurs bibliothèques bien pourvues, leurs activités dans les domaines de l'édition et de l'éducation; elles formaient les jeunes filles issues de la haute société et admirent plus tard les pauvres. Une paroissienne de Kražai raconte: «Tout le monde ici les tenaient en grande estime, leur apportaient des offrandes, demandaient leurs prières; les pauvres et les indigents recevaient d'elles leur nourriture. Lors de l'enterrement d'une sœur toute la paroisse était présente». Malheureusement ces liens profonds qui unissaient les sœurs à la population furent brisés par la répression ordonnée par le Tsar. En 1893 pour s'opposer à la suppression du monastère de Kražai et à la fermeture de l'église tous les habitants se rassemblèrent pour défendre les bénédictines. Lors du «massacre de Kražai» ils ne craignirent pas de verser leur sang et de donner ainsi aux générations futures un bel exemple de résistance pacifique.
Les bénédictines de Vilnius et de Kaunas qui avaient pu garder leurs monastères pendant la persécution tsariste connurent entre les deux guerres une période de renouveau. En 1926 le bienheureux Jurgis Matulaitis, alors visiteur apostolique pour la Lituanie, réforma la vie bénédictine des sœurs de Kaunas. Il choisit pour elles les constitutions des sœurs de saint Benoît en Amérique. Les bénédictines contemplatives adoptèrent alors un mode vie unissant prière et apostolat. Elles travaillaient dans les jardins d'enfants, les orphelinats, les maisons de retraite pour personnes âgées, les écoles. Au début de la 2ème guerre mondiale l'adoration perpétuelle fut instaurée dans l'église des bénédictines de Kaunas. Leur nombre augmentant les bénédictines fondèrent d'autres maisons en Lituanie.
Au XXe siècle cependant leur histoire ne fut pas moins dramatique. Après la première guerre mondiale et pendant plusieurs années des rivalités s'introduisirent entre les sœurs polonaises et les sœurs lituaniennes. Le Saint-Siège fut averti. Il fut décidé que la communauté soit scindée en deux, 10 sœurs polonaises allant vivre dans le monastère de Kolakiniai. Après la deuxième guerre mondiale le gouvernement interdit la vie monastique. Les communautés de Vilnius et de Kaunas furent dispersées. Une partie des bénédictines de Vilnius rentra en Pologne, en emportant les archives du monastère. Les sœurs restées en Lituanie durent alors souffrir les persécutions du régime soviétique: interrogatoires sur leurs activités religieuses, privation de travail. Pendant les plus sombres années de l'histoire de la Lituanie elles restèrent cependant fidèles à leur vie monastique, en secret. Aujourd'hui les bénédictines sont présentes en Lituanie depuis 400 ans sans interruption.
La blessure infligée à la vie monastique au milieu du XIXe siècle par le gouvernement du tsar qui supprima les bénédictins dura longtemps. Entre les deux guerres la vie monastique contemplative ne fut pas restaurée en Lituanie. Ce n'est qu'à la fin du XXe siècle que deux jeunes lituaniens allèrent frapper à la porte du monastère de Solesmes en France dans l'intention de faire refleurir l'ordre bénédictin dans leur pays. Quelques moines de Solesmes arrivèrent donc en Lituanie en 1998. Voici l'histoire de cette fondation.
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